De 1947 à 1961, Jackson Pollock se concentre sur le dripping – de l’anglais to drip, « goutter », une technique développée par des artistes américains au sortir de la 2nd guerre mondiale, avec laquelle texture du pigment et geste du peintre sont exacerbés.
Lorsqu’il travaille sur ses peintures au dripping, Pollock se positionne au dessus de la toile posée au sol, une surface qu’il nomme son arène. Avec un pinceau ou un bâton, il y jette la peinture alors que son corps tout entier se déplace, tourne et se tord dans une chorégraphie qui évoque une transe. Ce n’est pas un hasard, l’artiste s’inspire non seulement de l’art muraliste mexicain et du hasard surréaliste, mais aussi des rites chamaniques des Indiens navajas. Ce nouveau rapport entre corps et art prolonge la gestuelle traditionnelle du peintre.
On observe ici une surface couverte dans sa totalité d’entrelacs de lignes noires sur fond blanc, selon la technique dite du all-over. Nul élément ne domine, aucune hiérarchie. Il s’agit d’un tout rythmé et énergique mais aussi tourmenté et violent. Malgré l’apparente spontanéité et la manière immédiate de créer de Pollock, on est loin du hasard. Il sait exactement où il veut en venir, y réfléchit longuement avant de se lancer et peut recommencer plusieurs fois si le résultat ne lui convient pas.
Il n’est pas le seul à douter de son travail. La critique d’art Emily Genauer écrit au sujet de cette série de peintures, qu’elles ressemblent simplement à un amas de cheveux emmêlés qu’elle a envie de coiffer.
Pour Jackson Pollock, l’artiste moderne exprime son monde intérieur. Il traduit l’énergie, le mouvement et les autres forces qui l’habitent.
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